Gainsbourg vie héroïque de Joann Sfar
Comment écrire le résumé d’un film sur Serge Gainsbourg ? Qu’est-il utile de préciser ? Sa situation de chanteur et poète, son addiction à l’alcool, les femmes de sa vie… Ou plutôt poser la question à l’envers : qui ne le sait pas ?
Un
gamin aux origines juives menacé par les nazi, un jeune dandy fauché dans la
lignée de certains héros balzaciens, une rock star en perdition : le tout
en un désigné par un nom propre qui sonne comme un nom commun pour les plus de
20 ans. Gainsbourg..
Car
pour son premier film Joann Sfar aborde un mythe, presqu’au sens littéral, de
la manière dont il a put le faire dans ses bandes dessinées (Merlin ou son petit vampire). Le générique de Gainsbourg est un
dessin animé dans lequel son personnage vole par delà la ville, clope au bec,
avant que nous soit conté son enfance. Car le réalisateur a pris le temps, la
seconde d’avant, d’y afficher un sous-titre presque plus important que le titre
du film lui-même : Un conte de
Joann Sfar.
Halluciné
alors le film ? Fantasmé serait
le terme juste. Lucien devient Serge, hanté lui-même par son Doppelganger, la
Gueule. La « créature », probablement conçue par le dessinateur
lui-même, est d’ailleurs incarnée par Doug Jones. Quel plus bel hommage rendre au
merveilleux que d’engager l’interprète des plus beaux films de monstre jamais
réalisés (point de vue purement personnel cela dit) ? Sfar en a l’objectif
qui pétille comme le ferait les yeux d’un gamin. Son Gainsbourg est Gainsbarre,
la sèche à la main, la tête de choux et l’œil alerte. Bardot est l’ingénue
bercée trop prés d’un mur et Birkin est la grâce incarnée. L’homme des 11
scénarii développés pour le film et à la tête de 450 personnes a restitué,
intacte, une vision vieille de trente ans. Le casting, Eric Elmosnino et Lucy Gordon en tête, est impeccable et rappel que la nouvelle
génération d’acteur français ne se limite pas qu’à Taar Rahim.
La
vision d’un petit garçon qui a vu en un polémiste un héros, une figure
romantique comme il aurait pu le faire pour un chevalier ou un pirates. Sfar
« sur-iconise » les icones de toute une génération. Avec parfois
quelques maladresses, mais une sincérité et une poésie décalée tout
simplement désarmantes.
P.S : Avis à la rédac’chef :
Le prochain film français chroniqué par
votre serviteur sera La Horde, parce que faut pas déconner quand même.
Télérama, c’est à coté !
A. CIBILLEAU
Où voir le film:
UGC monparnasse:
UGC Odéon:
UGC bercy:
séances : T.L.J à : 10:30 , 13:10 , 15:50 , 18:30 , 21:10
T.L.J à : 11:30 , 14:10 , 16:50 , 19:30 , 22:10